Les Etats Généraux
Avec Pierre Calame, nous continuons avec nos partenaires d'alerter sur le fait de faire du "politique" un autre mot qui ne serait plus synonyme de "contrainte" et plutôt le mot légal pour assurer une autonomie pour chaque citoyen, une société qui puisse lui garantir de s'épanouir avec la société sans être opprimé.
Des Etats Généraux sont une opportunité politique pour en relever son discours
Les Etats Généraux
Qui sont les signataires?
Beaucoup mettent leurs compétences au service des Etats Généraux
Le 18 octobre 2025 notre tribune fût publié par le Monde, suivi par une conférence de presse, sur Paris, le 23 octobre de cette année.
Comme au Moyen Age ou en 1788, les Etats Généraux reposent sur l'idée "à crise exceptionnelle, processus exceptionnel.
Cela repose sur 4 principes :
a) Répondre à une situation de blocage des institutions et à une crise des finances publiques
b) Lancés à l'initiative des pouvoirs publics
c) Un processus dans la durée
d) Un processus « de bas en haut », partant des territoires pour en confronter les réflexions et propositions dans le cadre d'une assemblée plénière, reflétant mieux que les modalités ordinaires de gouvernance la diversité du corps social.
Pourquoi cette idée d'Etats Généraux?
Pour garantir des étagères solides dans le meuble France.
Première étagère : la crise politique
La composition de nos institutions et les réflexes politiques hérités des dernières décennies laissent penser que dans l'année, les deux ans ou les trois ans qui viennent ; la démocratie représentative sera menacée et ne sera pas en mesure de conduire les évolutions structurelles dont le pays a besoin.
Les politiques vont se préparent aux prochaines échéances électorales. Nous ne pouvons pas, en tant que société, rester les deux pieds dans le même sabot en « attendant que la crise passe ». Il faut donc faire de cette crise une opportunité.
Deuxième étagère: la crise de la démocratie représentative elle-même
La disparité des territoires en matière d'éducation, de logement, de transports, de nourriture, de culture, de santé ou de loisirs fait un facteur déterminant sur cette crise de la démocratie représentative.
Cette disparité est représentée par l'appartenance professionnelle ou sociale des représentants politiques, qui fait cette disparité et opposition entre dirigeants et dirigés. Les lois deviennent alors une variété du discours politique et illusionne plutôt qu'elles agissent réellement. Exemple : en matière d'éducation, il y a une multiplication de petites innovations sans prise en compte des contraintes réelles des acteurs, en lieu et place d'une réflexion fondamentale sur les mutations nécessaires du système éducatif.
Cette "addiction normative" (expression de Gérard Larcher, président du Sénat) multiplie normes, obligations, interdictions, gonflent les codes comme de la pâte à croissant, oubliant que tout système complexe de normes pèse plus sur les « petits » que sur les « gros » qui disposent des moyens culturels et financiers d'absorber ces « coûts fixes de la norme ». Le système de la démocratie représentative s'éloigne du principe de « moindre contrainte » qui est une des conditions de la légitimité dans l'exercice du pouvoir.
Et puis, il y a le mépris ; ce mépris par les vingt mille cahiers de doléances, auxquels ont contribué deux millions de citoyens dans le cadre du Grand Débat national lancé par le Président de la République, mis de côté sans être exploités à la hauteur de l'effort que ses rédacteurs avaient fait d'exprimer par écrit leurs ressentiments et leurs espoirs.
Troisième étagère : la crise de l'action de l'État et de l'État lui même.
La crise des finances publiques est sur toutes les lèvres, la question de l'efficacité de l'action publique ne se limite pas à la manière dont l'argent public est dépensé.
Elle pose la question de la pertinence des acteurs, notamment de l'État, face aux nouveaux défis de la société.
Elle questionne sur la verticalité du pouvoir, la conviction qu'il appartient au gouvernement et aux administrations centrales de définir les grandes lignes de l'action publique, les territoires et les collectivités qui les administrent
Le mal se trouve aggravé, quarante ans après les premières lois de décentralisation, les services de l'état se sont repliés sur les capitales régionales et sur Paris.
Il en résulte une perte de la compréhension de la société par un État gardant ses prérogatives et régit une société qu'il ne connaît pas. La décentralisation n'a pas changé cette prééminence et la question se pose de la pertinence de l'État, au moment où notre société est partie prenante d'une société européenne mondiale, et où elle doit relever le défi d'une transition qui implique de relier les questions entre elles, facile de faire à l'échelle d'un territoire qu'à l'échelle nationale.
Pour faire émerger une seconde modernité, il faut faire sauter cette ambiguïté persistante en France dans la perception des territoires. C'est une question décisive pour les futurs États généraux.
Quatrième niveau :
la démocratie que nous connaissons est elle substantielle ou occupationnelle?
L'utopie de la démocratie est de permettre à tous les citoyens de participer à la gestion de la cité et d'orienter son avenir.
L'échelle nationale demeure -t- elle la bonne échelle pour le faire?
Les citoyens sentent que les grandes transformations comme l'évolution des technologies, la gestion des limites planétaires, les grands choix financiers, sont décidés en dehors de France et en dehors du champ du débat démocratique. La démocratie participative locale, est trop souvent appliquée à des projets d'importance mineure, notre démocratie deviendrait occupationnelle : une manière d'oublier que nous avons perdu la maîtrise de notre destin.
Cinquième étagère : la crise de la pensée politique elle-même.
Les partis politiques ont perdu le goût et la capacité des réflexions sur le logiciel intellectuel et institutionnel hérité des siècles passés.
Les États généraux ne pourront esquiver cette question et la société sera invitée à réfléchir :
- à des modèles économiques conciliant dans le bien-être de tous et respect des limites planétaires; ce que l'on appelait jusqu'au XVIII siècle l'oeconomie.
- aux principes de gouvernance à adopter dans un nouveau contexte où aucun problème réel de la société ne peut se traiter à un seul niveau de gouvernance
- aux valeurs communes fondant la cohésion de la société
- à la gestion des relations entre les sociétés, qui n'existent, en fait, que parce que des États existent et les énoncent.
Qu'il n'existe pas de véritable droit mondial pour gérer des interdépendances elles-mêmes mondiales, seulement un droit interétatique régissant les relations entre les États
Est-ce trop ambitieux de rêver qu'un dialogue citoyen, dans le cadre des États généraux, puisse aborder ces questions fondamentales là où partis politiques et cénacles intellectuels n'ont pas osé le faire ?
Nous pensons que ces défis posés en questions, de manière simple et claire, peuvent donner un nouveau souffle à notre société.
En résumé, l'idée des États Généraux est simple : profiter de la crise politique immédiate, ce premier niveau de crise de la démocratie, pour engager un vaste processus de réflexion collective touchant les quatre autres niveaux.
Alors, rejoignez-nous !


